COURTISANE

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Gente dame, je vous demande bien le pardon

Il me plairait d’être affranchi de votre exacte fonction
S'enquit, tout rosissant, l’imprudent damoiseau
Encore ignorant des mœurs… en jeune puceau

La coquette lui sourit avec l'indulgence
Qui sied à tant de juvénile innocence
Puisque ce hobereau se piquait d’en savoir plus
Elle allait de la vie lui apprendre quelques us

Alors, souffrez d’entendre cette révélation :
Je suis en quelque sorte dame de distractions
Gardez-vous de sourire ! Cela n’est point dérision
Car à la cour de France où je tiens salon
Entre suaves breuvages et amères tisanes
Je suis secrètement intrigante courtisane

Je surprends les complots ourdis dans les estaminets
Où, comme servante, je vaque parfois à la veillée
Emplissant d'infâmes brouets maintes écuelles
Avant que de m’enfuir par dédale de  ruelles

Des alcôves royales, je connais les terribles secrets
Que tout homme comblé confesse sur l'oreiller
Et j’avoue avoir habilement œuvré pour la postérité
Tant et si bien que le cours de l'Histoire en fût changé

Alors, jeune galant, êtes-vous satisfait ?
Pourquoi ce regard soudain effarouché ?
Aurais-je votre candeur offensée ?
Allons joli cœur, laissez vous approcher...

Bien qu’initiée
Aux usages de la civilité
J'ai failli à celui de me présenter:

Je suis Marquise,
Ne vous déplaise
Du nom de Marie Madeleine Dreux d 'Aubray
Autrement nommée...

La Brinvilliers !

(Précisons qu'Elise seule est l'auteur de ce texte)