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Ombre et Lumiere9


C’était  l’un de ces fantasmes dont l’aspect récurent s’enracine dans les profondeurs de l’être comme une quête inassouvie.

 

Voilà pourquoi ce soir, la clé est restée sur la porte : énigmatique sésame d’une nuit clandestine.

Vêtue de pénombre et de moiteur, je guette dans cette chambre le survenant dont tu as décidé de me gratifier.

Tu connais si bien mes goûts que je n’éprouve aucune inquiétude quant au choix liminaire que tu as fait des postulants.

Seules, la perspective de la rencontre aveugle avec un autre épiderme, la découverte d’un grain de peau étranger et d’une odeur corporelle nouvelle focalisent à la fois toute mon attention et ma crainte. Mais ta présence discrète et complice me rassure et l’odeur de ton parfum flottant dans la pièce me relie invisiblement à toi.

 

Juste un bruit, si infime qu’il serait passé inaperçu sans mes sens à l'affût.

Une ombre entre et flotte dans la chambre quelque peu désorientée.

Mon cœur s’emballe soudain : je hume cette présence inconnue comme un animal sauvage prend le vent.

Aucune parole, des mouvements discrets, des gestes au ralenti et par une sorte de reptation feutrée, la silhouette s’approche du lit.

 

Je te cherche mais mes yeux ne peuvent décrypter le mutisme de la pénombre. Des doigts se posent à l’orée de mon épaule et font doucement glisser la bretelle de ma nuisette. Un souffle chaud court dans mon cou et suinte le long de mon échine puis des doigts légers et frivoles m’inventent lentement jusqu’à la pointe des pieds.

Et ma peau s’éveille et s’imprègne de ces caresses d’ombre comme une première pluie d’orage sur une terre assoiffée.

 

Mais voici qu’à l’instant même où mon corps s’apprivoise, l’inconnu se lève et disparaît dans la nuit.

Il n’a même pas touché mon visage : le connaissait il avant cette nuit ?

 

Je tente de percer le mystère de ce scénario  déroutant que tu as échafaudé.

Le ‘’Chut ! ‘’ Tendre mais ferme de ta voix coupe court à toute interrogation tandis qu’une latte du vieux plancher gémit : serait-ce  l’inconnu qui revient ?

La même scène  semble se répéter et pourtant, je pressens un changement.

L’ombre s’approche de moi : plus grande et plus massive. Je comprends instantanément qu’il s’agit d’un autre visiteur.

Ses gestes sont plus directs et, d’emblée, ses mains empaument mes seins pour une cueillette délicate puis elles descendent vers mon ventre gorgé de chaleur et s’immiscent, sybarites, entre les rondeurs de mes fesses…

Le peu de conscience qui me reste contracte tous mes muscles tandis qu’une fièvre contraire lutte pour m’ouvrir.

Je n’aurai pas le temps de découvrir qui de la lucidité ou de l’instinct va l’emporter car, aussitôt, l’homme s’éclipse et sa silhouette nébuleuse se dissout comme par enchantement dans la nuit.

 

De plus en plus désorientée j’oscille entre chimère et réalité …

Quelques minutes de doute, d’ambiguïté au point de ne plus savoir si ce corps envoûté est mien …

Un troisième survenant  tout aussi fantomatique fait son apparition et vient parachever mon émoi  en bâillonnant  mes lèvres par un long baiser voluptueux tandis que ses doigts s’égarent vers le delta humide de mon pubis…

 

Je ferme les yeux.

Je sais plus

Je ne cherche plus

Je ne veux plus savoir ...

Et j’ouvre mon corps à la seule émotion épidermique et à l’oubli.

 

Une amnésie aussitôt bouleversée par la sensation abrupte de quatre mains, de deux bouches, de deux langues qui, de concert, font vibrer chaque note de mon corps.

Instinctivement, je sais que tu es l’un des duettistes et je prends tour à tour un peu de toi, un peu de lui jusqu’à ne plus distinguer en moi cette part de lui en toi, cette part de toi en lui puis je naufrage définitivement entre vos bras de gémellités confondues.

 

 

Au lendemain, je comprends  que la clé restée sur la porte gardera à jamais le mystère nocturne de ces ombres charnelles…

 

 

                                    ( Elise)

 

 

Nuits Fauves

Jeudi 3 juin 4 03 /06 /Juin 05:12
- Par Elise - Publié dans : elisetmoi - Communauté : Couples libertins
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